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DÉRIVES
DÉRIVES
Laurent Lacotte
photographie, installation.
Exposition du 13 mai au 30 juin 2021
Vernissage le 14 mai 2021 de 15h00 à 19h00
Arpenteur du temps présent, l'artiste fait de l'espace public, observatoire privilégié du monde, son atelier de création plastique depuis plus de dix ans.
À l'origine du travail artistique de Laurent Lacotte, il y a la déambulation. Celle-ci s'effectue quotidiennement au cours de cycles temporaires spécifiés.
S'il ne sort jamais avec une idée précise en tête, l'artiste revient presque toujours avec un cliché. La démarche s'impose à lui comme une façon de vivre.
« Penser comme on marche » fait dire Fernando Pessoa à Alberto Caeiro dans le poème
« Le Gardeur de troupeaux ». C'est ce désir sans doute qui pousse Laurent Lacotte à la promenade artistique, guidée par le hasard et l'aléatoire,
deux notions centrales de son travail. Ainsi, par dérives successives, apparaît l'image.
La série photographique exposée à l'Urban Gallery est issue de ce travail en cours et plusieurs pièces du corpus viennent témoigner d'une immersion marseillaise de plusieurs mois.
Les images montrées dans leurs étuis cartonnés, avec leurs couleurs chatoyantes pour certaines, leur lumière du sud ou leur jeu d'ombres pour d'autres, ne traduisent pas un sentiment
de quiétude. La lecture de l'image, des éléments formels et des références culturelles de sa composition, concourent au contraire à mettre en place une atmosphère inquiétante dans
laquelle se dévoilent les affres de la vie contemporaine. Cette herméneutique ajoute de l'étrange à la singularité du display. Les réceptacles emballages, liés au mouvement par leur
fonction de transport, sont ici figés, prenant des allures de petits sarcophages bon marché, reliquaires profanes et recyclables renfermant les instantanés d'une humanité qui, malgré
son absence physique, s'exhibe dans les détails comme autant de corollaires de ses actes.
Dans cette série inédite, Laurent Lacotte convoque le mot pour dire l'image et ainsi révéler l'ambiguïté du monde. L'usage du mot est aussi à l'œuvre dans deux autres pans de l'exposition.
Une installation monumentale produite in situ prend place dans la cour de la galerie alors que de grandes phrases viennent habiller et poétiser les immeubles en construction de la rue Mazenod.
La proposition globale de l'exposition « Dérives » vient confirmer l'idée d'un art en résistance qui préside au travail de l'artiste.
Chaque création est conditionnée par une dimension physique et politique. La première s'exprime dans le labeur, qu'il marche, balaye,
couse, réponde au téléphone ou encore défonce, la fatigue physique semble la condition requise pour évoquer le monde. Éprouver son corps
pour envisager l'autre. Depuis toujours, il utilise des matériaux fragiles, précaires, périssables, comme ici le carton, dans l'élaboration
des ses pièces, si bien que celles-ci sont souvent éphémères. L'artiste est dans l'immédiateté du présent que la photographie lui permet de fixer.
Si ses interventions perdurent, c'est parce que les images convoquent, non sans humour mais sans se dérober, la part sombre de l'humanité, les tumultes du monde.